Pavillon bien tranquille de Johannes Peverell

Ce sera donc ici que je viendrai me reposer quand je déciderai de m'isoler un peu de ce monde de brutes :P

Mia avait suivit un long transplanage avant d'arriver devant ce qu'elle espérait être le lieu de résidence de Johannes. Depuis son départ assez brutal du Ministère après l'arrivée tout aussi brusque de James, la jeune fille ne l'avait pas revu. Elle s'était attendu à ce qu'il soit dans la salle d'attente, ou bien dans le Hall, mais rien.

Légèrement inquiète - ce qui ne lui ressemblait pas du tout, Mia avait décidé de le retrouver coûte que coûte avant que le caractère du jeune homme ne l'éloigne définitivement. Elle se surprit d'ailleurs à se tourmenter pour quelqu'un... C'était bien la première fois de sa vie ! D'habitude, peu importait le caractère ou la réaction des gens, pourvu que Mia ait ce qu'elle veut. Mais peut être, finalement, que ce que voulait Mia... eh bien... c'était que ce Peverell ne lui en veuille pas ?

Elle toqua à la porte, mais personne ne répondit. Elle décida d'attendre, au risque de devoir forcer celle -ci par abus de patience.

Mia s'était appuyé le front contre la porte pour calmer ses impatiences. Lorsque la voix de Johannes se fit entendre, elle sentit son coeur rater quelques bonds, et son estomac se nouer. Il était donc là ! Elle avait finalement bien trouvé son repère... Et maintenant il fallait lui parler, alors qu'elle s'était rendu jusqu'ici à l'improviste, sans aucune préparation.
Pourquoi diable cet homme la rendait hors d'elle comme ça? Pourquoi n'arrivait elle pas à se maîtriser en sa présence ? Pourquoi son simple regard finissait par ouvrir une large fente dans la carapace qu'elle s'était pourtant forgé depuis des années ? Tous ces questionnements la tourmentaient au plus haut point...

C'est moi, Jo ! C'est Mia ! Ouvre !!!

Johannes attendit encore quelques instants avant d'ouvrir la porte. Mia semblait bien pressée !

Il prit le soin de prendre lentement la poignée, puis de la tourner avec le même rythme, et enfin de tirer vers lui la porte pour dégager la voie à cette visiteuse inopinée...

Mia ... Tu es vraiment décidée à me surprendre... Comment savais-tu que j'étais ici ? Comment as tu retrouvé ma maison ?

Aucun ton n'accompagnait la voix de Johannes, qui tentait au maximum de rester neutre, n'ayant pas envie de montrer son étonnement, ni prendre un air de reproche alors qu'il avait devant lui une femme à ses yeux exceptionnelle.

Voyant qu'elle restait sur le perron de la porte, il l'invita à s'installer dans le salon.

Viens, prends la place que tu désires. Ce n'est pas Wurzburg ici, ni ton Manoir, mais c'est confortable...

Mia ne savait pas comment réagir... à l'habitude, elle aurait aimé rouspéter et jouer les jeunes filles susceptibles en lui répondant qu'elle n'avait rien demandé de confortable, et qu'elle pouvait elle aussi vivre plus modestement. Et puis, quelque chose au fond d'elle même l'incitait à sourire, à s'attendrir face au soupçon d'attention qui se lisait dans la voix et dans les gestes de Johannes. Quelque chose qu'elle n'avait encore jamais ressentit en face de quelqu'un...

Elle se décida enfin à rentrer, mais le caractère châleureux et accueillant de la petite maison la rendait presque réservée. Elle n'osait pas prendre place sans l'avis de son propritétaire. Mia se senti vraiment idiote.

C'est joli ici. Je le préfère largement au Manoir parfois bien monotone dans sa décoration sombre et poussiéreuse. Ici, il fait chaud. Et j'aime beaucoup tout ce bois apparent ! et ces pierres ... Et cette cheminée...

Mia sursauta légèrement. Elle ne se reconnaissait plus du tout et commença à prendre peur d'elle même... Mais, serrant les poings, elle tenta de se maîtriser... Comme le lui avaient toujours apris sa famille.

Excuse moi, Jo...

Mia venait-elle de s'excuser ? Mais qu'est-ce qui lui prenait ??? Elle ferma lourdement les yeux, s'attendant à un mauvais rêve -un cauchemard, même! - avant de les rouvrir et de reprendre.

Tu avais disparu à l'arrivée de James au Ministère. Puis de Miley. Je n'ai plus eu de nouvelles. J'ai donc cherché partout des indices me permettant de savoir où tu étais passé et on m'a dit que tu étais rentré chez toi. Et par un pur hasard, j'ai entendu quelqu'un du côté de Wurzburg ou je te cherchais, qui disait que si tu n'étais pas présent au palais, c'est que tu avais décidé de resté caché et isolé dans ta forêt. Et comme l'unique forêt est ici, j'ai cherché à détecter les formes de Magie environnantes, j'ai frappé à toutes les portes sorcières du coin, jusqu'à tomber sur ta maison de Moldu...

Maison de Moldu ? Mia ! Tu as dit cela avec un ton si suffisant que j'ai l'impression de parler à ton cousin Drago !

Johannes jubilait car il se sentait en état de domination. Mia se faisait toute petite par ses sentiments. Elle tremblait même des mains...

Les choses ont du être bien plus compliquées que cela, Mia. Tu as bien résumé la chose pour ne pas oser dire que tu avais tout fait pour retrouver ma trace... Ce ne serait plus crédible, sinon !

Qu'est-ce que tu veux dire par là, Jo ?

Mia le dévorait tant des yeux qu'elle en avait mal au ventre... Ses mains tremblaient... Elle n'était vraiment plus la même... Elle se senti faible à en mourir... Johannes la regardait, le regard en coin, trop orgueilleux pour avouer qu'il était heureux de la voir ici, de voir qu'elle avait tout fait pour le trouver. Et elle, Mia, se ridiculisait car tout arrivait à l'improviste... Parce qu'elle n'avait pas usé de sa maîtrise d'elle même...

*t'étonner ? C'est tout ce que je fais donc? Je t'amuse, tu ris, et puis je recommence... Tu n'as vraiment aucune pitié pour ce que je suis en train de vivre...*

Mia avait dit tout cela en murmurant, mais elle était bien certaine que dans le feu de l'action, elle avait du parler un peu trop fort, et Johannes l'aurait sans doute entendu.

Je crois que je n'aurai donc jamais du venir... Qu'est-ce que tu va penser de moi après tout ?

Mia ne se reconnaissait plus, et ça l'énervait au plus haut point. Elle n'eut pas à réfléchir, se leva, et se dirigea rapidement vers la porte d'entrée

Johannes vit Mia se lever et se diriger vers la porte. Il était sans doute allé un peu fort. Mais il l'arrêta de sa simple voix...

Mia ! Attends, s'il te plaît...

Il s'était rapproché d'elle. Mia s'était figée dans son élan, la main sur la poignée de la porte. Johannes la prit par les épaules et la retourna brusquement pour la plaquer contre le mur avec toute la délicatesse de sa maigre retenue. C'était ce qu'il fallait faire avec son caractère impétueux... Il la regarda droit dans les yeux

Arrête de t'obstiner comme ça ! Tu es venu me chercher, ce n'est pas une erreur de ta part ! que devrais-je penser de toi ??? Tu as toujours peur du regard et de la pensée des autres. Mais pense à la tienne !!! que veux tu , là, maintenant ? Tu ne t'écoute pas assez... ce que tu pense n'est pas un tord !

Mia soupira très lourdement, tout en fixant Johannes dans les yeux... Puis elle se senti mal et détourna brusquement son regard.

Lâche moi, Jo ! Arrête de vouloir dicter mes pensées et ce que je dois dire ou faire. Je n'ai pas à m'écouter... Je n'écoute jamais que ma raison. Et ma raison me dit que j'ai eu tord de venir te chercher ici. Et que je dois partir. C'est tout !

Mais Johannes la tenait toujours plaquée contre la porte. Elle n'arrivait pas à se dégager, et pour l'unique fois de sa vie, elle ne pensa même pas à prendre sa baguette pour se défendre.

Se rendant compte des erreurs qu'elle accumulaient depuis cette rencontre, Mia frappa de ses poings la porte derrière son dos, se laissa glisser lentement au sol, et se surpris à voir une larme couler chaudement sur sa joue rosée...

Johannes vit Mia se débatir inutilement et fébrilement. Cette impression l'époustouflait presque car jamais il n'aurait pensé voir Mia en état de faiblesse.

Il avait gagné son jeu, son propre défit, celui de la faire tomber d'un simple geste, d'un simple regard, sans la séduire comme chacun le ferait habituellement. Il ne s'était pas avancé de ses charmes, il ne l'avait pas envoûté de ses douces paroles, ni de ses capacités poétiques. Non. Il l'avait juste regardé, admiré, et pénétré du regard. Sans aucun artifice. Et voilà que Mia, cette sorcière forte, précise, brillante, fière et délicieusement orgueilleuse venait de perdre devant lui son propre contrôle, se retrouvant à ses genoux, le visage baigné de larmes, les mains toutes tremblantes...

Mia...

Johannes se baissa à son tour et prit les mains de la jeune femme afin qu'elle ne s'étouffe pas dans ses propres sanglots.

La raison... Tu dois l'user dans ton travail, dans tes relations professionnelles... Ou lorsque tu dois agir au mieux. Pourquoi crois-tu avoir eu tord de venir ? Tu m'as permis une chose extraordinaire... Tu m'a montré que lorsque l'on écoute son coeur, on peut tout faire... Je n'y croyais pas avant ce soir... Et te voir , toi, ici, devant moi, toute franche et vraie dans tes paroles et dans tes gestes, c'est le plus grand miracle qui puisse exister à mes yeux... Je t'ai connue fière et vaniteuse... Je te vois aujourd'hui telle que tu es... vraiment... là

Johannes prit sa main dans celle de Mia et la posa sur le coeur de la jeune femme. Il battait dangereusement vite et la faisait trembler de tous ses membres. Mais un frisson très profond le pénétra, jusqu'à lui donner quelques picotements dans la tête, puis dans tous les membres de son corps.

Mia plongea alors son regard dans le gris intense et brillant de Johannes. Elle se sentait faible, mais eut encore assez de cran et de force pour pénétrer plus profondément encore le garçon, au risque de lui faire mal. Mia était souvent sadique, même dans ses états de détresse... Elle en avait trop donné et pas assez reçu. Johannes ne pu détourner le regard, tant Mia l'avait comme envoûté. Elle usa du reste de sa raison pour sonder Johannes, et de multiples images lui vinrent en vision, continuant elle-même à verser quelques larmes, et serrant profondément les mains du garçon.

Puis, se retirant tout aussi brusquement, elle se senti confuse.

Excuse moi, Jo... Je n'ai pas pu m'en empêcher... Maintenant je sais presque tout, et autant que tu sais de moi. Nous sommes quittes...

Esquissant un sourire presque timide, elle ne savait plus vraiment où elle en était. Mais ce qu'elle savait, c'est qu'en usant de sa fierté, encore une fois, elle avait peut être finit par blesser Johannes... Et sans réfléchir, sans attendre une seule réaction, elle s'approcha du visage du jeune homme... Près, très près, le fixant toujours des yeux... Et finit par l'embrasser comme elle ne l'avait jamais encore fait.